LA RENCONTRE DU MONDE DES ESPRITS ET DU MONDE DES HOMMES
Comme on l’a dit plus haut, le monde physique et le monde des esprits sont en réalité inséparables, parce qu’ils ont beaucoup depoints de convergence. Dans certaines circonstances, l’interaction des deux mondes a un caractère assez tendu, ce qui fait qu’on doit y accorder beaucoup d’attention pour trouver des formes de comportement particulières. Elles peuvent concerner la naissance des enfants, les rites chamaniques et la mort. Le monde des esprits interfère avec celui des hommes dans les lieux religieux, tels que la montagne, les forêts, les obou ou des habitats construits pour les esprits. Les contacts avec les esprits peuvent revêtir un caractère positif aussi bien que négatif, en fonction de l’implication de cet esprit dans le contact et de son caractère. Chaque rencontre de l’homme avec un esprit représente un certain danger, parce que l’âme humaine peut être tentée de suivre l’esprit dans d’autres mondes.
La communication avec les esprits ne représente pas de menace pour le chamane, parce que ses alliés invisibles ont des buts nobles, tandis que dans le cas des personnes non préparées ce contact peut s’avérer dangereux. L’homme sous l’emprise ou, au moins, sous l’influence d’un esprit, peut tomber gravement malade ou devenir fou, donc, ce contact doit être arrêté au plus vite. Une femme qui vient d’accoucher et son nourrisson doivent être isolés dans un cas pareil, non seulement pour protéger les âmes qui viennent d’entrer dans le bébé mais aussi parce que la mère s’est trouvée en contact avec ”l’autre monde” peut donc être momentanément dangereuse pour les autres. Ainsi, le foyer de l’homme qui vient de mourir et les personnes qui organisent l’enterrement, deviennent tabous pour un moment, parce qu’ils étaient proches du lieu de la sortie des âmes de notre monde. Le nom du défunt devient tabou pour une période qui peut durer de quelques jours à l’éternité. Les Mongols croient que la mention du « nom de la personne décédée peut forcer l’âme saks à rester sur le lieu de la mort ou bien la faire revenir du monde d’En-dessous. C’est dangereux, parce que le mort peut essayer d’emmener avec lui les âmes saks de ceux qu’il aimait.
Les esprits peuplant les lieux remplis d’énergie spirituelle nécessitent un respect particulier envers eux. Si l’homme leur porte offense, il risque de provoquer une réaction, par exemple, une attaque des esprits sur lui-même ou sur tous les gens de sa tribu. En même temps, en servant les esprits de ces lieux, l’homme gagne chance et prospérité.
Les ongons, « maisons » spécialement créées pour les esprits, sont des lieux spécifiques de contact entre les esprits et le monde physique. Leur existence est utile, à condition de traiter les esprits y vivant avec tout le respect qui leur est dû. Les ongons sont les attributs des chamanes les plus couramment utilisés par presque toutes les tribus mongoles et sibériennes. La forme d’habitats des esprits varie : ils peuvent être découpés dans du bois, dessinés sur une peau tendue sur un cerceau en bois, fabriqués dans du métal. Les matériels pour les ongons sont : le cuir, le feutre, la pierre, le papier, la fourrure, la plume ou le métal. Certains ongons ont une forme abstraite, d’autres ressemblent à des poupées. Chaque personne est capable de fabriquer un objet pareil, mais seuls les chamanes peuvent invoquer les esprits et les convaincre de s’installer dans un ongon. La plupart des ongons sont habités par les esprits des ancêtres et des animaux, cependant, certains accueillent des esprits très puissants. Après la cérémonie de « l’animation », l’ongon est placé dans l’endroit sacré da la yourte, spécialement destiné à cet effet. On commence à lui faire des offrandes sous forme des boissons alcoolisées, du sang, du lait et de graisse.
Il existe deux ongons très importants en Mongolie : Zol Zayaakh et Avgalday. Zol Zayaakh représente un couple, un homme et une femme, et est considéré en tant que protecteur des foyers et des troupeaux. Avgalday est un masque en cuivre d’un ancêtre-ours que le chamane met tous les trois ans pour la cérémonie omi-nan. Pendant cette cérémonie, on chante des louanges à tous les esprits et les chamanes novices passent le rite d’initiation. En règle générale, les chamanes possèdent de nombreux ongons dans lesquels vivent leurs esprits alliés. Les habits mêmes du chamane peuvent servir d’ongon pour l’esprit outa qui, comme on l’avait dit plus haut, est maître et conseiller des chamanes d’une lignée. Parfois des ongons sont créés spécialement pour les cérémonies de guérison et du retour de l’âme perdue. Ces ongons restent chez le patient pour continuer le processus de guérison et protéger ses âmes. Un ongon provisoire fait en bois ou en herbe est parfois utilisé dans les rites de guérison pour y mettre l’esprit de la maladie chassé du corps du patient. Cet esprit est libéré plus tard, après que l’ongon ait été jeté dans un lieu désert. Un ongon de base est transmis d’une génération à l’autre, parce que l’esprit continue à vivre dedans, et un manque de respect pour un ongon peut retourner son animosité contre le chamane ou d’autres personnes.
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