LES SEANCES DE GUÉRISON

On va examiner d’abord la séance de guérison chamanique qui est la plus répandue. 

Dans de nombreuses cultures, la guérison magique fait partie des fonctions du chaman parce que l’enlèvement des âmes par les mauvais esprits constituait une cause courante de maladies dans la société archaïque (Il est à noter que, dans certaines régions asiatiques, la maladie peut être causée par l’intrusion d’un objet magique dans le corps du malade ou la possession par des mauvais esprits), c’est pourquoi la guérison consistait à la retrouver et à la rendre dans le corps du malade. Il est naturel que seul le chaman, à la différence du guérisseur dont la fonction est la guérison, soit capable de se rendre dans d’autres mondes à la recherche de l’âme, de la capter et de la rendre saine et sauve sur place parce qu’il est le seul à voir les esprits, à savoir comment chasser les mauvais esprits et repérer la fuite de l’âme. De plus, une partie des rituels liés à la guérison nécessite un sacrifice et là encore, seul le chaman peut décider de sa nécessité et de la manière de l’organiser. Mircea Eliade soulignait que le rétablissement de la santé physique dépend beaucoup de la balance des forces spirituelles, parce que la maladie apparaît souvent par inadvertance ou à cause du mépris des forces de l’enfer participant aussi de la sphère du sacré. Tout cela relève de la compétence exclusive du chaman qui grâce à son initiation connaît le drame de l’âme humaine, connaît les forces la menaçant et les endroits où elle peut être emportée. Les chamans considéraient la maladie comme la dégradation ou l’éloignement de l’âme humaine, c’est pourquoi la guérison visait avant tout son « rétablissement » et non l’élimination des symptômes physiques. C’est cela qui rend la guérison chamanique plus efficace que celle des guérisseurs, parce que le premier est tourné vers le fond même de la maladie, vers les sources des diverses malaises d’où l’importance de la séance chamanique. 

Toute séance chamanique a toujours été précédée par le rituel du diagnostic de la cause de la maladie de façon à ce que le chaman se détermine dans ses actions suivantes, par exemple, pour qu’il comprenne dans quel monde se rendre – les mondes d’Au-dessus ou d’En-dessous, à quels esprits donner le sacrifice, etc. Pour faire cela le chaman entrait en contact avec ses esprits alliés ou recourait à la divination. L’une des méthodes les plus répandues consiste à jeter le maillet du tambour. Selon la description d’une séance de G. V. Ksénofontov, le chaman jetait le maillet d’abord au nom des esprits puis les laissait entrer dans le corps de la personne malade pour qu’ils comprennent quel traitement lui administrer. Les esprits «disaient» au chaman qu’il pose sur la jambe du malade une amulette spéciale. Après avoir suivi les conseils des esprits, le chaman pratiquait de nouveau la divination pour être sûr du bienfait de ses actes. 

Les Yakoutes ont la coutume de faire de la divination après le voyage dans le monde d’Au-dessus aussi. Le chaman jette le maillet et en mettant sa main à la tempe, raconte en chantant ce qui arrivera à tel ou tel spectateur. A. N. Vitashevsky remarquait dans ses travaux que parfois ceux qui voulaient connaître l’avenir, épinglaient aux habits du chaman des boutons, des anneaux, des pièces, etc. A son retour, il les rendait à leurs possesseurs et, sans donner de noms, prophétisait en faisant des allusions aux perspectives de futur métier, à l’augmentation du cheptel de bétail, aux futurs mariages, etc. 

Chez les Kètes, les séances chamaniques visant le retour de l’âme enlevée se produisent en deux étapes. Pendant la première étape le chaman danse et chante beaucoup, invite ses esprits alliés à entrer dans le tambour et « monte vers les nuages » d’où il voit « le Iénissei à la distance de cent verstes » (plus de cent kilomètres) . Ensuite il adresse à un de ses esprits une demande pour le monter encore plus haut afin de pouvoir voir le plus loin possible. Un certain temps se passe avant le retour de voyage du chaman qui annonce qu’il n’a toujours pas retrouvé l’âme enlevée et qu’il doit par conséquent effectuer un autre voyage. La deuxième étape commence : le chaman danse jusqu’à atteindre l’état de transe grâce auquel il quitte son corps physique et passe dans un autre monde avec ses esprits alliés d’où il revient avec l’âme enlevée du patient cette fois. 

Dans le cas de l’enlèvement de l’âme d’un homme malade chez les Ostyaks de Vassiougan, le chaman envoie un de ses esprits alliés à sa recherche, qui prend l’aspect d’un mort et descend dans le monde souterrain. Ayant rencontré le voleur d’âme là-bas, il sort soudainement de sa poitrine l’esprit-ours. Le voleur est saisi de peur par l’aspect effrayant de l’animal et il laisse partir l’âme de la personne malade. L’esprit allié l’attrape tout de suite et la rend au maître. 

Les spectateurs apprennent toutes les péripéties de ce voyage par le récit du chaman qui joue de la guitare en état de transe. Il existe une autre description de la séance chamanique d’un chaman de Vassiougan qui dure plusieurs jours. Le premier jour il s’assoit dans le coin le plus sombre de la maison et entre en état de transe grâce à la guitare. Ayant atteint l’état propice, il convoque l’esprit « La vieille dame avec une canne » pour qu’elle appelle ses sept esprits alliés. 

Ils arrivent tour à tour et disent leurs noms. Ensuite le chaman convoque les esprits de chaque direction : « du pays céleste des Samoyèdes, les bergers des rênes du nord, du pays céleste des peuples nordiques, de la ville des princes Samoyèdes avec leurs épouses », etc. Quand tous les esprits sont réunis, le chaman commence un long dialogue avec eux. Le deuxième jour, le chaman accompagné de ses esprits alliés, se rend en voyage dont il revient avec l’âme enlevée de la personne malade. 

Ainsi, le chaman nénètse criait : « Ga ! » ayant détecté la cause de la maladie. Parfois il était aidé par toute l’assistance. On estimait qu’à cause d’un cri aussi fort l’esprit sautait du corps et se sauvait par la porte ou les fenêtres ouvertes de la yourte. Pour extraire l’esprit de la maladie, les chamans recouraient aussi à la succion des esprits créateurs de la maladie du corps du malade ou à un tintement effrayant des clochettes et à un bruit produit par le tambour ou le faisaient sortir par l’odeur de la nourriture et d’autres moyens. Après les chamans l’introduisaient dans une image ou un épouvantail préparés en avance qu’ils soit jetaient, soit nourrissaient jusqu’à la guérison complète du malade. Dans d’autres cas, le chaman plaçait l’esprit de la maladie dans son corps et après il faisait l’air de se percer le ventre en montrant l’élimination de l’esprit.
Une forme à part du voyage chamanique est le cas où le chaman ne voyage pas en compagnie des esprits alliés, mais les place en lui-même après leur avoir fait goûter de la nourriture sacrificatoire, par exemple, du sang de cerf. Un chaman yakoute pendant la séance de guérison prononçait des incantations et agitait au-dessus du malade une longue branche sèche avec des faisceaux de crin (la quantité de faisceaux dépendait de la force du chaman) – c’est ainsi que le chaman « bougeait » l’esprit résidant dans le corps du patient. Selon l’information de G. U. Erguiss, cette manipulation était parfois efficace pour soigner un léger malaise ou pour expulser de petits esprits malfaisants. 

Selon la description de V. Sérochevsky, une séance chamanique des Yakoutes se déroulait d’une manière suivante : le soir dans la yourte le chaman regarde fixement le feu du foyer ; après avoir atteint l’état propice (il devient agité par des frissons nerveux), il met ses habits rituels et commence à battre doucement le tambour. Un certain temps passe ainsi, ensuite le chaman prend de l’eau froide dans sa bouche et se met à genoux sur la peau de cheval blanc préalablement étalée. 

Il existait une variété spéciale de séance chamanique chez les peuples du Bas-Amour pour les enfants. Pour la réaliser, on prenait neuf verges sur les deux bouts desquels on découpait les têtes des esprits de différentes espèces. Chaque verge était roulée et fixée en forme de cerceau puis toutes les verges étaient unies en un trousseau. Le chaman mettait son tambour sur le plancher, un enfant malade se mettait sur le tambour et on lui enfilait tout le trousseau par-dessus la tête, en le descendant sur le plancher. L’enfant enjambait le trousseau et on le descendait de nouveau. On répétait cela neuf fois. On croyait que grâce à ce rituel l’enfant se purifiait de tous les esprits malfaisants. Des procédures rituelles semblables se pratiquaient aussi pour maintenir le bébé dans le corps d’une femme enceinte si elle avait eu des fausses couches avant. 

Ainsi, le chaman nénètse criait : « Ga ! » ayant détecté la cause de la maladie. Parfois il était aidé par toute l’assistance. On estimait qu’à cause d’un cri aussi fort l’esprit sautait du corps et se sauvait par la porte ou les fenêtres ouvertes de la yourte. Pour extraire l’esprit de la maladie, les chamans recouraient aussi à la succion des esprits créateurs de la maladie du corps du malade ou à un tintement effrayant des clochettes et à un bruit produit par le tambour ou le faisaient sortir par l’odeur de la nourriture et d’autres moyens. Après les chamans l’introduisaient dans une image ou un épouvantail préparés en avance qu’ils soit jetaient, soit nourrissaient jusqu’à la guérison complète du malade. Dans d’autres cas, le chaman plaçait l’esprit de la maladie dans son corps et après il faisait l’air de se percer le ventre en montrant l’élimination de l’esprit.
Une forme à part du voyage chamanique est le cas où le chaman ne voyage pas en compagnie des esprits alliés, mais les place en lui-même après leur avoir fait goûter de la nourriture sacrificatoire, par exemple, du sang de cerf. Un chaman yakoute pendant la séance de guérison prononçait des incantations et agitait au-dessus du malade une longue branche sèche avec des faisceaux de crin (la quantité de faisceaux dépendait de la force du chaman) – c’est ainsi que le chaman « bougeait » l’esprit résidant dans le corps du patient. Selon l’information de G. U. Erguiss, cette manipulation était parfois efficace pour soigner un léger malaise ou pour expulser de petits esprits malfaisants. 

Selon la description de V. Sérochevsky, une séance chamanique des Yakoutes se déroulait d’une manière suivante : le soir dans la yourte le chaman regarde fixement le feu du foyer ; après avoir atteint l’état propice (il devient agité par des frissons nerveux), il met ses habits rituels et commence à battre doucement le tambour. Un certain temps passe ainsi, ensuite le chaman prend de l’eau froide dans sa bouche et se met à genoux sur la peau de cheval blanc préalablement étalée. 

Il existait une variété spéciale de séance chamanique chez les peuples du Bas-Amour pour les enfants. Pour la réaliser, on prenait neuf verges sur les deux bouts desquels on découpait les têtes des esprits de différentes espèces. Chaque verge était roulée et fixée en forme de cerceau puis toutes les verges étaient unies en un trousseau. Le chaman mettait son tambour sur le plancher, un enfant malade se mettait sur le tambour et on lui enfilait tout le trousseau par-dessus la tête, en le descendant sur le plancher. L’enfant enjambait le trousseau et on le descendait de nouveau. On répétait cela neuf fois. On croyait que grâce à ce rituel l’enfant se purifiait de tous les esprits malfaisants. Des procédures rituelles semblables se pratiquaient aussi pour maintenir le bébé dans le corps d’une femme enceinte si elle avait eu des fausses couches avant. 

La séance chamanique de guérison chez les Paviotsos se déroulait de la manière suivante : d’abord le chaman questionne le malade sur ce qu’il faisait avant la maladie pour comprendre la cause de ses souffrances. Après cela on mettait près du chevet du malade une baguette de saule sur le bout de laquelle était attachée une plume d’aigle. La baguette avec la plume doit rester toute la nuit près du lit du malade, elle est soigneusement gardée, parce qu’on estime que si un animal ou un étranger la touche, le chaman tombera malade ou perdra ses forces surnaturelles.
Le lendemain le chaman arrive dans la maison du patient à neuf heures du soir accompagné de son aide. C’est un porte-voix dont une partie des fonctions consiste à répéter les mots du chaman chuchotés pendant qu’il est en état de transe. De plus, au début de séance il s’adresse à la maladie en lui annonçant que le chaman est arrivé et au milieu de la séance il supplie le chaman de libérer le patient des malaises qui le torturent. Parfois certains chamans utilisent une danseuse qui doit être très belle et chaste. Elle danse pendant que le chaman aspire du corps du patient la maladie ou un objet magique ayant causé la maladie. 

La séance commence quand le chaman s’approche du malade dont le torse et les pieds sont nus et se met à chanter doucement. Cela dure un certain moment, ensuite, le chaman commence à danser avec la danseuse en tournant autour du foyer central de la demeure. Après cela, le chaman se rassoit, allume une pipe, tire quelques bouffées et la transmet aux spectateurs. Chacun tire une ou deux bouffées. Les actions suivantes du chaman dépendent du caractère de la maladie. Si le patient est dans un état inconscient, le chaman part à la recherche de son âme enlevée. Si la maladie a une autre cause, le chaman peut entrer en transe (seuls les chamans assez forts recourent à la méthode de diagnostic pareille) pour établir le diagnostic à l’aide des visions et discuter les méthodes du traitement avec ses esprits alliés. S’il voit un tourbillon de vent, la maladie est causée justement par ce tourbillon, s’il voit le malade se promenant parmi les fleurs fraîches, cela signifie que le malaise n’est pas très grave et que le malade va se rétablir bientôt, tandis que les fleurs fanées symbolisent une mort inévitable. En revenant de la transe le chaman chantonne pendant longtemps jusqu’à ce qu’il reprenne complètement la conscience. Si la maladie est causée par un objet introduit dans le corps du malade, le chaman procède tout de suite à son enlèvement : il suce la partie du corps qu’il avait vue dans la transe. Chaque chaman a sa méthode pour faire cela : les uns sucent directement la peau, les deuxièmes sucent à travers un os, les troisièmes – à travers un tube de saule. Durant toute cette procédure les spectateurs et les aides du chaman chantent en choeur. Le chaman crache le sang sucé dans une petite fosse et répète cela jusqu’à ce qu’il arrive à retirer tout l’objet magique qui est, en règle générale, une petite pierre, un lézard, un insecte ou un vers qu’il jette aussi dans la fosse qui est remplie de sable après. 

Ensuite les chansons et le fumage de la pipe se poursuivent jusqu’au matin avec une seule pause pour manger. Le chaman même ne mange rien et veille à ce qu’aucune miette ne tombe par terre. 

La séance se termine par la danse de tous les présents autour d’un feu qui dure un quart d’heure et par l’indication au patient et à ses parents comment se comporter dans l’avenir et quelles mesures préventives prendre, par exemple, quel dessins il faut dessiner sur le corps du malade pendant un certain temps. Les séances chamaniques de guérison s’organisaient non seulement pour les hommes, mais aussi pour le bétail, parce qu’on estimait que l’épizootie est provoquée par l’installation d’un mauvais esprit dans les animaux. I. A. Houdyakov décrit une pareille séance. Au début le chaman conjure l’esprit d’ « entrer » dans « son estomac » de pierre, de ne pas nuire au bétail et de se retirer du troupeau. En retour il lui promet de lui donner tout ce qu’il voudra. L’esprit accepte ensuite et « s’installe » dans le chaman par la bouche duquel il réclame un sacrifice de sept pincées de crin et sept abeilles. Tout cela doit être prêt pour le matin, sinon le marché n’a pas lieu. Le lendemain matin le chaman enfonce autour de la tête de la vache morte de maladie sept baguettes, met sept images d’abeilles sur chacune d’elles et les arrose abondamment du sang de la vache morte. Le chaman commence ensuite à chamaniser : il raccompagne l’esprit de la maladie avec ses esprits alliés sans le laisser se retourner. Après cela il laisse partir ses esprits alliés. 

Les adieux pour l’âme dans le monde d’outre-tombe constituent une autre raison très répandue de cérémonie chamanique, parce que le chaman connaît très bien le chemin dans le Monde d’En-dessous, puisqu’il l’a pris plusieurs fois. Il n’y a que lui qui est capable d’attraper l’âme insaisissable de la personne morte et de l’emmener au royaume des morts. Les Altaïens et certains autres peuples estiment que la cérémonie de la descente dans le Monde d’En-dessous est plus difficile que celle de l’ascension au ciel, c’est pourquoi elle est un privilège des chamans « noirs » quoique les chamans « noir-blancs » l’effectuent parfois également. 

La séance chamanique des Altaïens se déroule le soir. Tout d’abord, en frappant constamment dans le tambour, le chaman fait le tour de la yourte plusieurs fois avant d’entrer dedans, de s’approcher du foyer et d’appeler l’âme de la personne décédée. Ainsi après un certain temps écoulé, le défunt commence à parler à travers lui : il se plaint de ne pas connaître le chemin dans le monde d’outre-tombe, qu’il a peur de se perdre et ne veut pas quitter ses proches vivants. Le chaman discute longtemps avec l’âme de la personne décédée, et finalement, celle-ci accepte qu’il la raccompagne dans le monde d’outre-tombe. 

Et c’est là où commence un voyage difficile pour les deux. Arrivé à destination, le chaman voit que les âmes des morts ne laissent pas entrer la nouvelle venue dans leur monde. Il commence à chercher à les convaincre, leur offre de la vodka, etc. C’est seulement au terme d’un long argumentaire qu’ils acceptent de laisser entrer l’âme de la personne décédée. Le chaman revient, danse et crie jusqu’à ce qu’il tombe par terre, inconscient. 

Parmi les symboles les plus connus, on retrouve la steppe que même le corbeau ne peut traverser, la Montagne en Fer touchant le Ciel par sa cime, « les mouchoirs de la Terre » – l’entrée de l’enfer, le pont d’une largeur d’un cheveu que seule la personne à l’âme pure peut traverser.
On retrouve le sacrifice aux représentants du monde d’outre-tombe en échange contre l’âme du malade chez les chamans de Témyougan qui obtiennent la permission des morts de reprendre l’âme du mort sur terre seulement en échange de cadeaux. Revenu du voyage extatique, le chaman tient l’âme retrouvée dans le poing et la fait rentrer dans le corps du malade par l’oreille droite. 

Les chamans toungouss, comme ceux altaïens préfèrent eux-aussi se rendre dans les Mondes d’En-dessous dans les cas extrêmes, parce qu’ils considèrent un pareil voyage comme très dangereux et le réservent à la compétence des chamans très puissants.
Chez les Goldes, il existe deux cérémonies d’enterrement, nimgan (organisée sept jours ou deux mois après le décès) et kazatouri (organisée un certain temps après la première et finissant par le retour accompagné de l’âme en enfer) dont chacune ne peut se passer du chaman. Pendant la cérémonie du nimgan, le chaman entre dans la maison du mort avec un tambour, cherche l’âme du défunt, la capture et la fait entrer dans un coussin spécial (fanya), alors que, pendant celle de kazatouri, les actions du chaman sont plus compliquées et durent plusieurs jours. Le chaman et l’âme du décédé doivent arriver dans le village des morts et remettre l’âme aux parents du décédé. 

La descente dans les Mondes d’En-dessous est racontée dans un poème mandchourien « Nichan Chaman » considéré comme le seul document écrit relatif au chamanisme mandchourien. On peut rapprocher des voyages chamaniques la descente des chamans dans les mondes aquatiques comme c’est le cas des chamans esquimaux. 

Comme on peut le constater, si diverses que soient les formes des séances chamaniques, les éléments les plus courants et répétitifs peuvent être dégagés ainsi que le schéma typique de leur organisation :
– la préparation de la séance (achat et installation des objets et des instruments différents) ;
– la purification (du lieu de la séance, du chaman lui-même et de ses attributs) ;
– le sacrifice et la prière pour le succès de la séance chamanique ;
– la convocation des esprits alliés ;
– l’entrée en contact avec les esprits convoquées (parfois leur installation dans le chaman) ;
– l’accès à la connaissance de la cause de la maladie ;
– l’alimentation des esprits (le sacrifice) ;
– le voyage dans d’autres mondes (si nécessaire) ou la séance de guérison avec des esprits alliés ;
– le remerciement des esprits ;
– la dissolution des esprits.
Bien sûr, les éléments varient un peu en fonction de la culture ; il y a des nuances et des spécificités, mais, en général, les actions du chaman se développent selon ce schéma. Le chaman peut les réaliser seulement grâce à sa remarquable capacité à entrer en transe extatique. 

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